dimanche 3 octobre 2010

Pourquoi est-il nécessaire de faire émerger les RS d’un élève pour réaliser une situation-problème?

Quand nous enseignons d'une façon constructiviste ou socioconstructiviste, il est nécessaire de faire émerger les représentations sociales des élèves parce que c'est avec ces représentations qu'ils construisent leur réalité et qu'ils voient le monde. Si nous ne connaissons pas leurs représentations du monde, nous ne pouvons pas essayer de refaçonner cette vision du monde et d'y greffer des nouvelles connaissances. En effet, une situation-problème n'est plus du tout problématique pour un élève dont les représentations sociales correspondent déjà à ce que l'enseignant tente de démonter à travers la situation d'apprentissage. Il est donc important de faire émerger les représentations sociales des élèves pour pouvoir ajuster le tir si la SA n'est pas à la hauteur des élèves.

Il est aussi important de s'assurer que ce qu'on fait émerger ce sont vraiment les RS des élèves. Trop souvent, un enseignant tente de les faire émerger en posant des questions, mais ces questions elles-mêmes peuvent suggérer une réponse qui ne correspond pas nécessairement aux vraies idées des élèves. Le but de l'enseignement constructiviste c'est de créer un conflit cognitif et d'amener les élèves par ce fait à se bâtir eux-mêmes leur propre savoir et ultimement de faire évoluer leur vision du monde. Malheureusement, avec un ajout maladroit de questions pour trouver quelles sont leurs préconceptions sur le sujet, l'enseignant réussit à faire le contraire: les élèves répondent bêtement aux questions en essayant de déterminer ce que veux l'enseignant au lieu de travailler sur leurs propres connaissances. Prenons par exemple la question « Pourquoi les civilisations européennes étaient-elles supérieures aux civilisations amérindiennes à l'arrivée de Colomb en Amérique? » Au lieu de répondre de façon à démontrer sa perception d'une civilisation ou l'autre, il va simplement énumérer une liste et essayer de faire plaisir à l'enseignant en ayant la « bonne » réponse. Or, les représentations sociales des élèves ne sont pas des « bonnes » ou des « mauvaises » réponses. Un élève qui se sent jugé par ses réponses fermera son esprit à l'idée de réellement en apprendre plus, il fera de la mémorisation pour plaire à celui qui l'évalue. Une fois que l'exercice est terminé, une bonne partie de la matière sera oubliée et l'élève aura peu appris. C'est pour ceci qu'il est important de faire émerger les représentations sociales des élèves et de bien les utiliser dans une situation d'apprentissage.